Mémoires sur la Révolution française

199 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT septembriseur. Depuis cette époque, notre vie ne fut plus qu'une longue agonie; une fois ou deux je demandai à ce geôlier un peu d'eau chaude pour me laver. « Cela n’a pas le sens commun, m'avail-il répondu, rien ne peut vous sauver des mains du bourreau, et comme elles sont fort sales, vous n'avez pas besoin de vous laver. »

Un jour je fus affreusement impressionnée en entrant chez le geôlier, où nous allions souvent quand nous avions besoin de quelque chose. Il était assis à table à boire avec un élégant et beau jeune homme; il me dit de m'’asseoir et de boire un verre avec eux; je n’osai pas refuser : « Maintenant, ditie jeune homme en regardant à sa montre, il faut que je m'en aille. >» « Non, répondit le geôlier, votre besogne ne commence qu’à midi. » Je regardai le jeune homme-et le géôlier me dit : « — Vous devez vous faire un ami de ce citoyen : c'est le jeune Samson, l’exécuteur, et peut-être

sera-t-il chargé de vous décapiter. » Je me sentis dé-