Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
6 —
l'âme par la seule lumière de la raison ; mais dans le vrai, c'est l'Evangile, et l'Evangile seul, qui nous a apporté la vie de Fimmortalité; » € rien n'était plus propre à nous montrer clairement les obligations infinies, que le genre humain doit avoir à la révélation divine, puisque nous voyons qu'elle seule était capable de faire disparaître nos doutes sur un point aussi important que l’immortalité de l'âme; » et ces lignes tirées du premier : € Après avoir combattu de cette sorte les raisons dont on prétend prouver l’immortalité de l'âme humaine, ils ajoutent qu'il n'y en à aucune de concluante et qu'elles ne sont au plus à notre amour-propre que des motifs de l'espérer et de se flatter de Ja possibilité d’une chose inconcevable à notre esprit et totalement opposée au rapport de nos sens. »
Que si maintenant on regarde aux morceaux dans lesquels Dieu semble mieux admis, tels que celui qui a pour titre : De l'indifférence des religions, on s'aperçoit bientôt que le déisme qui y est professé, est si vague qu'il n'engage à peu près à rien. En effet, il y est d’abord dit : « que ce n'est que sur l’ordre admirable qui règne dans l'univers, que nous pouvons fonder l'existence de Dieu, c'est-à-dire d’un être sage, intelligent et raisonnable, par la volonté duquel tout est réglé; » et « que ce n’est qu'en cultivant leur raison, que les créatures peuvent lui montrer le cas qu'elles font des présents qu'elles ont recus de Iui. » Rien de mieux en apparence; mais au fond, à quoi tout se termine-t-il ? à ceci : « Ces réflexions peuvent nous faire sentir l'inutilité des recherches que tant d'hommes ont faites jusqu'ici sur l’essence divine, la nature de l'âme, la vie future et le sort qui nous attend à la suite de la vie actuelle; » c’est-à-dire, peut-