Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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moment le philosophe de l’honnête homme, que lui reste-t-i1? La société civile, son unique dieu, l’abandonne; le voilà privé des plus douces satisfactions de la vie. » « Pourquoi voulez-vous, continue Dumarsais, que, parce que le philosophe n'attend ni peine ni récompense après cette vie, il doive trouver un attrait présent qui le porte à vous tuer ou à vous tromper? » Le philosophe est homme d'esprit; il n'est pas comme le soft, qui n’en a pas assez pour être bon. Tout au plus « le vrai philosophe, qui n’est pas tourmenté par lambition, mais qui n’est pas non plus insensible aux douces commodités de la vie, tâche d'échapper à la pauvreté, qui nous prive du bien-être, ce paradis du philosophe, commedit l'auteur, et nous éloigne du commerce des honnêtes gens. »
Voilà qui se rapproche un peu plus de l’humaine faiblesse que ce que nous avons entendu plus haut; ce n’est plus tout à fait ce stoïcisme qui s’annoncait par cette maxime : n’agir ni par amour, ni par haine, ni par espérance, ni par crainte ; c'est plutôt un peu du sensualisme selon le monde à la suite du sensualisme selon l’école.
Du reste, ces idées, si peu développées qu'elles soient dans l'écrit de Dumarsais, trahissent cependant assez le sens secret qu'elles renferment, pour qu'on y reconnaisse quelque analogie avec des doctrines toutes récentes, qui elles aussi, embarrassées de ce qu'il ya de divin dans les choses, ne nient Dieu en un sens, que pour l'admettre dans un autre, ne le rejettent de l'infini, que pour le supposer dans le fini, et n'hésitent à cet égard qu'entre la partie et le tout, l’individu humain ou l'humanité; de sorte que ce Dieu de leur façon n’est que chacun de nous ou la société, la créature en un mot au lieu du créateur; triste dieu par conséquent, que