Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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lui un sujet d'affirmation ; jamais il ne les eût admis ou supposés , même par tactique de parti et conduite de guerre. Il n’y a qu'à voir comment il traite en toute occasion, dans ses différents écrits, ceux de ses amis qui par prudence, par concession ou un reste de conviction, en tolèrent la doctrine ; c'est à peine s’il fait grâce à Diderot, s’il pardonne à Voltaire, s'il ne condamne pas d’Alembert, pour s'être tenu, commeil dit, sur la lisière.
Par toutes ces raisons je conclus que Naïgeon n'est et ne peut être l’auteur de l'Examen critique.
I le serait plus vraisemblablement d'un autre livre intitulé : la Contagion sacrée, qui, bien qu'on le donne à d'Holbach, peut également lui être attribué, et offre du moins de frappantes analogies avec d’autres écrits, qui lui sont imcontestablement propres. Ainsi on y soutient cette thèse que la morale est par son essence indépendante de la religion; qu'elle ne saurait s'y allier; qu'elle doit par conséquent se garder de la contagion sacrée ; et qu’enfin elle n’est et ne doit être que la recherche de son bien-être, limité à cette vie et sans égard à Dieu et à l’autre monde.
Or, cest précisément l'opinion que Naigeon professe constamment; je citerai en particulier son Adresse à l'assemblée nationale et son dictionnaire encyclopédique, dans lesquels il s'efforce expressément de l'établir. IL en résulte, ce semble, la preuve que si le livre, qui porte le titre de Contagion sacrée, n'est pas proprement de Naigeon, il est du moins dans ses sentiments, et dans tous les cas, il sort d’un lieu , où rien ne se faisait sans qu'il y mit la main.
J'en dirai à peu près autant de la Théologie portative, sur laquelle, toutefois, j'insisterai un peu plus; j'en demande