Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
la permission, et on verra que ce n'est pas sans raison, à cause du caractère plus particulièrement injurieux et léger qu’elle présente en des matières, qui cependant ne devraient être traitées qu'avec respect, réserve et gravité. Elle me servira à démontrer par un exemple sensible quel était cet esprit de frivolité et d'hostilité tout ensemble, d'insulte grossière et de plaisanterie déplacée, au sujet de la religion et même de la métaphysique, dont était, je ne dis pas animée, mais possédée et agitée, cette officine de d'Holbach, dans laquelle Naigeon était un des plus actifs et des plus persévérants artisans. À ce titre, il a sa part au moins morale de la responsabilité de cette œuvre. C’est pourquoi je n'hésite pas à en parler à propos de lui.
Mais avant de l’aborder, je dois avertir que par prudence, par décence, par les meilleures raisons de m’abstenir, je n'y toucherai que juste ce qu'il faudra pour marquer par quelques extraits, quelle fut cette maladie dont étaient atteints nombre d'esprits au xvin siècle, et qui pourrait se définir le défaut de respect dans le défaut de foi, le doute poussé jusqu'à l’outrage, et l'indifférence portée jusqu’à la plus impie des moqueries.
Dans la préface, on commence par louer l’idée des dictionnaires, et surtout des dictionnaires portatifs : « Dans le siècle où nous vivons, y est-il dit, on a trouvé de toutes parts à simplifier les connaissances, à les rendre plus faciles , plus compréhensibles , à les mettre à la portée de tout le monde; cependant jusqu'à présent on n’a pas tenté de faire même chose pour la théologie. C’est pour remédier à cet inconvénient, que l’on publie cet ouvrage, qui peut être regardé comme le vade mecum théologique, ou si l'on veut, comme