Mirabeau
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natisme de sa propre infaillibilité. Tel nous le dépeignent les Mémoires de Mirabeau (ces mémoires rédigés avec autant de conscience que de piété filiale d’après des documents originaux par le fils adoptif de Mirabeau, Lucas de Montigny), et tel va nous le montrer la suite de cette étude. Le caractère et la conduite de ce père jouent un très grand rôle dans l’histoire de notre Mirabeau; on ne s’expliquerait pas bien celui-ci sans celui-là.
Mirabeau vintau monde avec une tête dont la dimension monstrueuse mit sa mère dans le plus grand danger, des dents molaires déjà formées, mais un peu tordu. À l’âge de trois ans, il eut une petite vérole qui laissa sur son visage des traces si profondes, que le marquis de Mirabeau écrivait à son frère : « Ton neveu est laid comme celui de Satan. » Cette laideur exceptionnelle parmi ses enfants, beaux comme lui-même, paraît avoir contribué à exciter l'espèce d’aversion que celui-ci lui causa toujours.
Et pourtant cet enfant étonnait son père par une précocité d'esprit vraiment prodigieuse. En voici un exemple qui paraîtrait fabuleux, s’il n’était constaté par une lettre du marquis de Mirabeau datée du temps même. Mirabeau avait alors cinq ans ; on le pria un jour d'écrire ce qui lui viendrait à la tête, et voici ce qu'il écrivit : « Monsieur moi, je vous prie de prendre attention à votre écriture, et de ne pas faire de pâtés sur votre exemple ; d’être attentif à ce qu'on fait, obéir à son père, à son maître, à sa mère, ne point contrarier. Point de détours, de l'honneur surtout, n’attaquez personne lorsqu'on ne vous attaque; défendre votre patrie, ne soyez point médisant avec les domestiques, ne familiarisez avec eux ; cacher les défauts de son prochain, parce que cela peut arriver à soi-même. »
Deux ans plus tard, à sept ans, au moment où il venait de recevoir la confirmation des mains d’un cardinal, comme on lui enseignait que Dieu ne pouvaitpas faire des