Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

26 LE MAGASIN THÉATRAL,

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ACTE IV.

Dixième Tableau.

Les Tuileries.

SCENE PREMIERE.

NAPOLÉON, SECRÉTAIRE, ENVOYÉS, puis L'ESPION.,

NAPOLÉON , aux envoyés. Toute l’Europe marchait avec nous il y a un an, toute l’Europe marche aujourd’hui contre nous. Il me faut une levée de trois cent mille hommes ; dites en mon nom au sénat que je compte sur lui.

UN ENVOYÉ. Sire, le sénat vous supplie de tenter un dernier effort pour faire la paix, c’est le besoin de la France et le vœu de l'humanité. Le peuple aussi demande

” des garanties, sans cela il est impossible.

NAPOLÉON. Messieurs, avec ce langage, au lieu de nous réunir; vous nous diviserez. Ignorez-vous que dans une moriarchie le trône et la personne du monarque ne se séparent point...? Qu'est-ce que le trône ? un morceau de bois couvert d’un morceau de velours : — mais dans la langue monarchique, le trône — c’est moi. Vous parlez du peuple : ignorez-vous que c’est moi qui le représente par-dessus tout ? On ne peut m'attaquer sans attaquer la nation elle-même. S'il y a quelque abus, est-ce lemoment de faire desremontrances quand deux cent mille Cosaques sont prêts à franchir nos frontières? Vous demandez au nom de la France des garanties contre le pouvoir. Ecoutez la France, elle n’en demande que contre l’ennemi. — Si la France connaît parmi mes maréchaux un

énéral plus capable que moi de repousser Pagresston étrangère, qu’elle le nomme et je lui remettrai moi-même mon épée. Allez, messieurs, et portez mes ordres au Sénat. (À un secrétaire.) Ecrivez : — Des ingénieurs seront envoyés sur les routes et dans les places du Nord. (A un autre secretaire.) Ecrivez : — Les manufactures d’ar2 mes de Saint-Etienne, Liése et Maubeupe, mettront à la disposition du gouvernement... PREMIER SECRÉTAIRE , répetant. Du Nord.

NAPOLÉON , a/lant à lui. Vs seront chargés de relever les vieilles murailles qui servent de rempart à la France. (4 un autre.) Ecrivez: L'armée d'Allemagne vient

de rentrer dans nos limites par les ponts de Mayence.

DEUXIÈME SECRÉTAIRE ; répétant. Du gouvernement.

NAPOLÉON. Cent cinquante mille fusils et trente mille sabres d'ici à quinze jours au plus tard. — Donnez.

(EL signe.)

TROISIÈME SECRÉTAIRE , répétont. Par les ponts de Mayence.

NapOLÉON. Elle formera et étendra sa ligne depuis Huningue jusqu'aux sables de la Hollande. — Donnez.

PREMIER SECRÉTAIRE, répétant. Les vieilles murailles qui servent de rempart.

NAPOLÉON. À l’ancienne France; de tracer des redoutes sur les hauteurs propres à seryir de points de ralliement en cas de retraite...— Mettez le cachet, messieurs, et expédiez. — Dans nos retraites... PREMIER SEÉRÉTAIRE. Je n’y suis pas, sire.

NAPOLÉON. Bien. (4 un autre.) Mettezvous à mon bureau et écrivez:;— M. le ministre de la guerre : — M. le trésorier de la couronne versera entre les mains du ministre de la guerre.

PREMIER SECRÉTAIRE, reépélant. Dans nos retraites.

NAPOLÉON. Enfin de tout préparer pour la rupture des digues et des ponts qu’il faudra abandonner.

(I signe.)

TROISIÈME SECRÉTAIRE, répétant. Du ministre de la guerre ..

NAPOLÉON. La somme detrente millions.

LE MINISTRE. Votre Majesté sait que le grand-trésorier n’a plus d’argent.

NAPOLÉON. Ah!... Eh bien ! alors , déchirez.… (Ecricant.) Voilà un bon de trente millions sur mon trésor privé.

LE MINISTRE. Sur votre trésor privé?.…. Votre Majesté sait que ces fonds étaient destinés à des pläcemens secrets pour assurer le sort de sa famille en cas de reVers... NAPOLÉON , sévèrement, Monsieur , l’empereurn’a rien à lui ; — l'argent qu'il possède appartient à son peuple ; et en cas de revers illéguera au peuple sa femme et son fils. — Allez, messieurs. — Restez, mon-