Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

30 LE MAGASIN THÉATRAL,

LE BARON. Comment passerez-vous ?

LE MARQUIS. Avec une livrée. J'aurai Vair d’appartenir à quelque général de l'armée. Mais un passeport ?

LE VICOMTE. J’en ai trois ou quatre en blanc, que la préfecture m'a donnés en cas de besoin.

LE MARQUIS. Eh bien! vite alors... car il #°y à pas un instant à perdre... Donnermoi Les lettres. ( Appelänt.) Germain !

GERMAIN: Monsieur ?

LE MARQUIS, Donne-moi une de tes redingotes de livrée, ét va chercher un cheval de poste. Tu m’attendras au coin dela

À

rue de Rohan et Saint-Honoré. J'irai à franc étrier jusqu’à Villers-Cotterets ; de là je passerai à pied... Bien : les lettres du comte d’Artois et du duc de Berry. Vous, voyez ici le duc de.

TOUS. Oui, oui.

LE MARQUIS. Ne dites pas à ma mere où je suis. Elle aime bien son roi; mais élle aime encore mieux son fils.

TOUS. Adieu, adieu , mon brave marquis. LE VICOMTE. Bonne réussite.

LE BARON. Bon voyage , mon ami.

LE MARQUIS. Venez me conduire.

CODODHEOE DEEE LODEL LPO OLD CDD LOTO OO D OT LOE TL DE CO EE LT E D T LC E CLS Œreisième Tableau.

Une rue de Paris.

SCENE IV. LABREDECHE, OUVRIERS, GENS DU PEUPLE.

UN OUVRIER. Donnez-nous des fusils! Des fusils! — Nous ne demandons pas mieux que de nous battre , nous ! que les riches se cachent, c’est bien ; mais qu'on nous donne des afmes, puisque les Prussiens sont à Montinartre !

ous. Oui, dés armes! des armes |

UN OUvVRIER. Dites done, les autres! j’arrive de la Poudrière. Voilà des cartouches, DES OUVRIERS. Des fusils, alors ; des fusils! UN OUVRIER. Faut aller à la Ville.

UN ARMURIER , ouvrant sa boutique. Te-

nez, mes braves, j'en ai, moi, des fusils ; .

des fusils de munition, des fusils de chasse, des carabines! — Prenez, prenez tout, et laissez=in’en un pour moi. LES OUVRIERS. Ah ! bravo! bravo ! LABRÉDÈCHE. Ca s’échauffé , ça s’échauffe. UN OUVRIER. Mille tonnerres lil y a du

son dans les cartouches.

Tous. Du son ! k

ÜN OUVRIER. Îl-y en à dans celle-ci, du moins.

UN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE. Camarades , ou nous a donné des boulets qui n'étaient pas de calibre, et des gargousses de cendre.

OUVRIERS. On nous trahit, on nous vend. -

L'ÉLÈVE. À l’Arsenal ! à l’Arsenal ! (Des élèves passent au fond, traînant des pièces

et portant dés boulets.)

Ouvriers. Vive l'Ecole Polytechnique !

LABREDÈCHE. Quels petits gaillards ! Si je leur parlais de mes deux frères gelés en Russie ?

TOUS. À Montmartre ! à Montmartre !

UN OUVRIER , à Labredèche. Viens-tu à Montmartre avec nous ; toi?

LABREDÈCHE. Non, mes braves, non; je reste ici pour faire des barricades.

UN OUVRIER. ÂAh ça ! est-ce que tu as peur ?

LABREDÈCHE. Moi, peur ! du tout ; c’est que je n’ai pas dè fusil.

L’ARMURIER. Tiens, en voilà un, mon brave.

UN OUVRIER. Mets des cartouches dans tes poches , et viens.

LABREDÈCHE. Dites donc, dites donc,

“mon ami, faites-moi l’amitié d’éteindre

votre cigare. C’est que je sauterais comme une poudrière , moi !

L’OUVRIER. Ah! bah!

LABREDÈCHE. Ce n’est pas pour moi, mais pour les citoyens que je peux blesser en éclatant.

UN AGENT DE POLICE. Les rassemblemens sont défendus.

UN OUVRIER. Pardi! si nous nous rassemblons, c’est pour aller nous battre.

DES GENS , se mélant parmi eux. Mais vous voyez bien que vous êtes trahis. Allez, croyez-moi, n'allez pas vous faire tuer.

OUVRIER, revenant. Mes amis, on ne veut pas nous laisser sort de la barrière, mille dieux! Nous sommes plus de dix nulle armés, C'est üne trahison ! tonnette, OUVRIERS. Forçons les portes.