Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

10 LE MAGASIN THÉATRAL.

que tous les soirsilsort déguisé. Eh bien! qu'est-ce qui empêche un assassin ?.… DUROC. Le citoyen a raison, et le premier consul a trot. — Vous entendez.

BONAPARTE. Oui, mais n'est-ce pas Le moyen de savoir ce que l’on pense véritablement de moi. Crois-tu que le danger imaginaire que je cours ne soit pas bien racheté par le plaisir d'entendre faire mon éloge, de voir tout un peuple me regarder comme son sauveur ? — Duroc, quand un jour peut-être on m’appellera usurpateur, j'aurai besoin de.cette voix de ma conscience qui me criera : Le seul souverain légitime est l’élu du peuple, et qui plus queïtoi est souverain lépitime ?.…

Pendant ce tems, un homme, qui s’est à pro ché de lui, tire un poignard , lève la main, et va pour le frapper, lorsque l’espion se jette audevant de jui.) # DUROC. À l’assassin !

L’ESPION , qui a détourné le coup. On se

jette au-devant du couteau, on reçoit le coup, et l’on ne crie pas.

CRIS DU PEUPLE. À l’assassin !

BONAPARTE. Silence ! — Je puis être reconnu au milieu de ce tumulte. Donne ta bourse à cet homme qui m'a sauvé , et demande-lui son nom. — À demain aux Tuileries.

((EL sort.)

DUROC, à l’espion. La personne que vous avez sauvée désire savoir votre nom.

L’ESPION. Ai-je demandé le sien ?

puroC. Voilà sa bourse.

L’ESPION , montrant son bras. Voilà mon sang.

DUROC. Prends.

L'ESPION , jetant la bourse au peuple. Tenez , mes amis, buvez à la santé du premier consul. C’est lui qui était tout à l'heure au milieu de vous.

Tous. Vive le premier consul !

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+ a

# Œroistème Tableau.

Les Tuileries.

SCENE III. | 7 » CHARLES, puis JOSEPHINE.

CHARLES , entrant. Neuf heures et demie : — le premier consul est en retard.

JOSÉPHINE , de la porte. Charles! Charles!

‘CHARLES. Ah! madame !...

JOSÉPHINE. Mon mari n’est pas encore sorti de sa chambre ?

CHARLES. Vous savez qu'il n'a dit de ne le réveiller que lorsque j'aurais de mauvaises nouvelles, et aujowmd'hui , je n’en ai que de bonnes.

JOSÉPHINE, Pour tout le monde ?

CHARLES. Oui.

JOSÉPHINE , vivement. Il a signé ?

CHARLES. Hier.

JOSÉPIINE. Et. a-t-il grondé ?

CHARLES. Un peu... 1] trouve que six cent mille franes de dettes en six mois.

JOSÉPHINE. Nenf mois.

CHARLES. Eh bien! neuf mois... —Il trouve, dis-je.

JOSÉPHINE, Charles, s’il savait!

CHARLES. Ah ! madame, qu'est-ce que vous allez me dire ?.….

JOSÉPHINE. Charles, vous qui êtes son ami de collése…

CHARLES. Ah! mon Dieu , vous m’épou‘antez, JOSÉPHINE. S'il savait que je n’ai osé en avouer que...

CHARLES. Les trois quarts?..….. les deux tiers ?

SOSÉPHINE , à demi-voix. La moitié.

CHARLES. Douze cent mille francs de dettes! Savez-vous ce que la nation accorde par an au premier consul ?

JOSÉPRINE. Oui, cinq cent mille francs.

CHARLES. Eh bien! cela suffit à tout : pensions, faveurs, gratifications, traite-. mens, tout est pris là-dessus. |

JOSÉPHINE. Charles; je vous jure que ce n’est pas ma faute. .

CHARLES. Voyons... en conscience. J’ai vu un mémoire de Leroy :— trente-quatre chapeaux pour un mois!

JOSÉPHINE. Ah! vous sayez que Bonaparte n’aime pas à me voir plusieurs fois les mêmes chapeaux. |

CHARLES. Oui ; mais trente-quatre pour un MOIS : ‘est-ce que vous en mettez deux par jour ?

JOSÉPHINE. Non, mais ces fournisseurs me tourmentent, ils m’envoient des caisses pleines d’objets du meilleur goût, je ne sais lesquels choisir ; alors ils me disent de garder tout, qu’ils n’ont pas besoin d’argent... — Je me laisse tenter ; puis, sans que je sache comment, cela fait des sommes énormes,