Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

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pas régner longtemps ; toutes vos actions décèlent mieux que vos lettres intimes les sentiments de votre âme. Écoutez un homme qui en sait plus que vous. Revenez de votre fausse route; soyez bien Français de cœur, ou votre peuple vous chassera et vous sortirez de Hollande l’objet de la risée et de la pitié des Hollandais. C’est avec la raison et la politique que l’on gouverne les États, non avec une lymphe âcre et viciée (1).

* NAPOLÉON A LOUIS.

Dunkerque, 22 mai 1810. — Mon frère, jai envoyé votre note au duc de Cadore. J’ai vu avec peine que vous chassiez les Français qui sont à votre service. Vous les avez pris sans ma permission, gardezles ; ou, si vous ne voulez point les garder, envoyez-les-moi, je les prendrai; de pareils soldats sont rares. Un Français fait sur vous ce que fait sur les hydrophobes la vue de l’eau, ce principe bienfaisant de notre existence et de notre bien. Je me ferai faire à Paris un rapport sur vos demandes. Mais je vous répète que je ne puis lever les barrières de mes douanes, avant que les vingt-deux millions de marchandises américaines me soient remis, que vos neuf bâtiments soient en rade et que vous exécutiez sérieusement les traités que vous avez avec moi. Quant à la discussion des domaines de la Zélande, je n’ai pour base et pour principe que le-traité et rien que le traité. Il faut que vos ministres envoient des mémoires détaillés qui fassent connaitre ce que c’est que la dette de la Zélande, à combien elle se monte, et qui établissent qu’elle ne fait pas partie de celle de la Hollande. Les marchandises américaines seront saisies chez vous, comme elles le sont en France, en Italie, en Espagne, etc., etc. Je dois me faire faire un rapport sur la contrebande de genièvre ; on me l’a demandée en Zélande, je ne l’ai pas encore permise.

* NApoLÉON À Louis.

Lille, 23 mai 1810. — Mon frère, au moment où vous me faites les plus belles protestations, j'apprends que les gens de mon ambassadeur ont été maltraités à Amsterdam. Mon intention est que ceux

(1) Cette lettre a été reproduite dans le t, III des Docum, histor., p. 257-264.