Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
23 MAI 1810. 2
qui se sont rendus aussi coupables envers moi me soient livrés, afin que la vengeance que j'en tirerai serve d'exemple. Le sieur Serurier m'a rendu compte de la manière dont vous vous êtes conduit à l’audience diplomatique. Je vous déclare donc que je ne veux plus d’ambassadeur de Hollande à Paris. L’amiral Ver Huell a ordre d’en partir dans vingt-quatre heures. Ce ne sont plus des phrases et des protestations qu’il me faut ; il est temps que je sache si vous voulez faire le malheur de la Hollande et par vos folies causer la ruine de ce pays. Je ne veux pas que vous envoyiez de ministre en Autriche. Je ne veux pas non plus que vous renvoyiez les Français qui sont à votre service. J’ai rappelé mon ambassadeur ; je n’aurai plus en Hollande qu’un chargé d’affaires. Le sieur Serurier, qui y reste en cette qualité, vous communiquera mes intentions. Je ne veux plus exposer mes ambassadeurs à vos insultes. Comme c’est le ministre de Russie dont le maître vous a placé sur le trône, il est naturel que vous suiviez ses conseils. Ne m’écrivez plus de vos phrases ordinaires ; voilà trois ans que vous me les répétez, et chaque instant en prouve la fausseté. C’est la dernière lettre que de ma vie je vous écris (1).
* NaroLÉoN À M. DÉ CHAMPAGNyY, Duc DE CADORE,
MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.
Lille, 23 mai 1810. — Vous voudrez bien au reçu de cette lettre faire venir l’ambassadeur de Hollande et lui faire connaître qu’il ait à quitter Paris sans délai et à retourner à Amsterdam. S'il exige une note par écrit, vous la lui remettrez conçue à peu près en ces termes :
«M. l’amiral Ver Huell est prévenu que l’intention de $. M. l’empereur et roi étant qu'il n’y ait plus d’ambassadeur de Hollande en France, mais de n’y recevoir qu’un simple chargé d’affaires, 1l ait à quitter Paris. Les outrages faits à son ambassadeur par le peuple d'Amsterdam obligent l’empereur à cette mesure. Le roi apprendra que l’empereur est résolu à tirer une vengeance éclatante de ces outrages. Si l’on n’eût pas renvoyé l’ancien bourgmestre qui était un homme sage, si le gouvernement de la Hollande n'avait pas pour principe de maltraiter tout ce qui tient à la France, cela ne serait pas
(1) Cette lettre a été imprimée dans les Docum. histor., t. III, p. 267.