Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

278 LOUIS À NAPOLÉON,

arrivé. Cette conduite est le résultat de la mauvaise direction que l’on donne à l'esprit des habitants. Le soussigné est chargé d’ajouter que S. M. regrette que cette expression de son mécontentement retombe sur M. l'amiral Ver Huell, dont elle n’a point à se plaindre et dont elle apprécie le bon esprit, les qualités et l’attachement pour sa patrie et pour sa personne (1). »

Vous écrirez au comte La Rochefoucauld de revenir sur-le-champ à Paris. Je ne veux plus tenir d’ambassadeur en Hollande. Envoyez des lettres de créance au sieur Serurier pour l’accréditer comme chargé d’affaires (2). Vous lui ferez connaître que j'ai approuvé la note qu'il à remise; que je prendrai des mesures pour mettre à la raison les malveillants d'Amsterdam ; que je demande que l’ancien bourgmestre soit remis en sa place, et que tous ceux qui ont composé le rassemblement qui a insulté les gens de l'ambassadeur soient remis en mon pouvoir. Vous direz dans la conversation à l’amiral Ver Huell, en quittant le ton officiel, que le roi de Hollande se comporte plus mal qu'auparavant ; il paraît qu’il est possédé par une espèce de folie : sa conduite ne peut s'expliquer autrement.

Lours A NAPoLÉON.

Haarlem, 25 mai 1810. — Sire, j'ai fait tout ce que V. M. aurait ordonné elle-même, lorsque l’on m’a rendu compte de l’insulte dont le cocher s’est plaint ; mais il n’a pu nommer ni reconnaître personne. Cette affaire n’est connue que de lui, et cependant on fait constamment des perquisitions.

Je n’ai jamais manqué de recevoir avec distinction l'ambassadeur de V. M. I. ; maïs V. M. n’exigerait pas sans doute que, lorsque je

(1) Le 25 mai, le duc de Cadore écrivait à l’empereur : « ire, j'ai exécuté les ordres de V. M. J'ai déclaré à l’ambassadeur de Hollande qu'il devait quitter Paris sans délai, et comme il a désiré que cela lui fût signifié par écrit, je lui ai remis la note tracée par V. M. Quelque ménagement que j'aie apporté à lui donner cette triste nouvelle et à lui faire remarquer comment elle devenait pour lui l’occasion d’un témoignage d'estime de V, M., cet excellent homme, sincèrement attaché à sa patrie, fidèle à son roi et particulièrement dévoué à V. M., a été atterré du sort qui lui paraissait menacer la Hollande. Il était loin de soupçonner un tel événement ; il se flattait que le roi son maître, dans son court voyage à Anvers, avait reconquis la bienveillance de V. M., et il en augurait la plus heureuse perspective pour son pays. Il lui a été bien pénible de revenir de cette erreur... »

(2) M. Serurier était secrétaire de la légation française en Hollande.