Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

280 LOUIS AU DUC DE CADORE.

traire aux intentions de celui à qui une grande partie de l'Europe doit un corps entier de lois, et qui a souvent manifesté combien il attachait de prix à ce que la justice fût impartialement et exactement rendue. $ire, je ne parle pas à V. M. des taxes, des entraves mises au commerce intérieur, des mauvais traitements et même de viols commis dans le royaume. Je suis assuré que le duc de Reggio les punira ; mais, Sire, je conjure V. M. L., quels que soient ses proJets sur ce pays, d’ordonner qu’on ne fasse rien qui le conduise au désespoir et à sa ruine entière.

Narozéox À M. DE CnampaGxy, puc DE CADoRr,

MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

Saint-Cloud, 9 juin 1810. — Faites connaître à mon chargé d’affaires en Hollande qu’il ne doit rendre compte à personne de ce qui se passe en Hollande, et que ce serait une faute capitale s’il se permettait la moindre correspondance. Faites-lui connaître en même temps qu'il peut se rendre chez le roi ou chez le ministre toutes les fois qu'il y est demandé pour affaires, mais qu’il doit s’absenter de toute audience diplomatique, prétextant une indisposition et s’abstetant effectivement de sortir de toute la journée.

Louis À M. pe CHAMPAGNy, Duc DE CADORE.

Amsterdam, 14 juin 1810. — Monsieur le duc de Cadore, l’empereur ne veut point que je corresponde avec lui. Je n’ai plus d’ambassadeur à Paris. Il faut donc que je m'adresse directement à vous, lorsqu'il y a des affaires aussi essentielles qu’en ce moment. Je ne vous parlerai pas de la situation du pays; vous la connaissez sans doute assez. J’espérais que l'exécution serait adoucie ; et, loin de à, elle est aggravée et s'aggrave tous les jours davantage. Je ne puis me dissimuler actuellement que le traité n’empêche pas que l'existence de la Hollande ne soit fortement menacée. L'empereur s’en prend à moi de toutes les disputes et rixes qui arrivent. Le nombre des troupes dans le royaume augmente sans cesse ; il faut pourvoir à leurs besoins dans un moment où les habitants n’ont presque aucun moyen de pourvoir à leur propre existence. J’ignore entièrement les intentions de l’empereur. Dans cette position, je dois me résigner et