Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

ABDICATION DU ROI LOUIS. 325

voir jamais y réussir ; et, à la paix maritime, mon frère, connaissant Pétat des choses dans ce pays, l'estime que méritent ses habitants, combien leur bien-être est d’accord avec l'intérêt bien entendu de son empire, fera pour ce pays tout ce qu’il a droit d'attendre de ses nombreux sacrifices à la France, de sa loyauté, et de l'intérêt qu'il ne peut manquer d’inspirer à ceux qui le jugent sans prévention. Et que sait-on ? Peut-être suis-je seul un obstacle à la réconciliation de ce pays avec la France ; et si cela était, j'aurais, je pourrais trouver quelque espèce de consolation à traîner un reste de vie errante et languissante, loin des premiers objets de toute mon affection. Ce bon peuple et mon fils, voilà une grande partie de mes motifs ; il en est d’autres aussi impérieux que je dois taire et que l’on devinera (impossibilité de résister efficacement).

L'empereur mon frère doit sentir que je ne puis faire autrement, quoique fortement prévenu contre moi : il est grand ; il doit être juste étant calme.

Et quant à vous, Messieurs, je serais bien plus malheureux, s’il est possible, si je pouvais penser que vous ne rendissiez pas justice à mes intentions.

Puisse la fin de ma carrière prouver à la nation et à vous que je ne vous ai pas trompés ; que je n’ai eu qu’un but, l'intérêt du pays, et que les fautes queje puis avoir commises tiennent uniquement à mon zèle, qui me faisait désirer, non le bien, mais le mieux possible, malgré la difficulté des circonstances !

Je ne m'étais jamais préparé à gouverner une nation aussi intéressante, mais aussi difficile que la vôtre. Veuillez, Messieurs, être mon avocat auprès d’elle et prendre confiance et quelque attachement pour le prince royal, qui le méritera, si j’en juge par son heureux naturel. La reine ales mêmes intérêts que moi.

Je ne dois pas terminer sans vous recommander avec les plus vives instances, au nom de l’intérêt et de l’existence de tant de familles et de tant d'individus dont la vie et les biens seraient infailliblement compromis, de recevoir et traiter tous les Français avec les égards et l’accueil de l’amitié dus aux braves de la première nation du monde, vos amis et vos alliés, dont l’obéissance est le premier devoir, mais qui ne peuvent qu'aimer et estimer davantage, à mesure