Notes de police : de Robespierre à Fouché : documents inédits : papiers secrets, erreurs judiciaires, complots, pamphlets, choses d'Église

AVANT SAINTE-HÉLÈNE 163

l'Amérique ou quelque autre rive plus prochaine, il opposait une résistance passive. Il voulait gagner du temps; ce qui lui restait de volonté tendait à ce but unique.

Les deux frégates Saale et Méduse se tenaient prêtes pour le transporter où et quand il le voudrait : il les laissait inactives en rade. Le capitaine d’un vaisseau danois l’invitait à venir à son bord : il hésitait, puis déclinait l’offre généreuse. Son frère Joseph et la population de Rochefort tout entière l'engageaient à rejoindre l’armée de la Loire, et une garnison (dont un régiment de marine) se tenait à ses ordres pour le protéger. Incitations vaines! Napoléon temporisait. De leur côté, le préfet maritime et les représentants du gouvernement provisoire, constamment relancés par le ministre de la marine De-

_crès, le pressaient de partir de France sans retard. Hypnotisé par le blocus des Anglais et par les menées des Bourbons, l’empereur s’immobilisait, accueillant, puis repoussant les propositions d'évasion les plus sages et les plus folles de ses partisans.

Enfin, là nouvelle que le gouvernement provisoire était renversé, et que Fouché avait pris