Notes de police : de Robespierre à Fouché : documents inédits : papiers secrets, erreurs judiciaires, complots, pamphlets, choses d'Église

NOTES SUR ROBESPIERRE 53

mots. Robespierre semblait ainsi se rendre compte qu'il abusait des souvenirs historiques ; mais son cœur n’en restait pas moins séduit par les gloires et les grands dévouements de jadis ; il révait, en toute bonne foi, de sacrifier sa vie sur l'autel de la patrie (1), et pouvait être sincère quand il répondait à Guadet :

« Le ciel qui me donna une âme passionnée pour la liberté, et qui me fit naître sous la domination des tyrans, le ciel qui prolongea mon existence jusqu’au règne des factions et des crimes, m'appelle peut-être à tracer de mon sang la route qui doit conduire mon pays au bonheur et à la liberté; j'accepte avéc transport cette douce et glorieuse destinée, »

Son indignation n'est pas jouée, non plus, quand il crie à Jérôme Pétion :

« Connaissez-vous ce membre de l’Assemblée Législative qui, le 9 août, disait à un de ses amis : Si le peuple craint ou balance, brûlez-moi la cervelle avec ce pistolet; et qu’on traine mon cadavre sanglant dans Paris, afin que la vengeance le mène à la liberté! » Etil conclut, tout

(1) 11 partageait l'opinion de son ami Saint-Just qui, dans une circonstance mémorable, affirmait que « les grands hommes ne meurent. point dans leur lit ».