Notes de police : de Robespierre à Fouché : documents inédits : papiers secrets, erreurs judiciaires, complots, pamphlets, choses d'Église

TRUE

EL LE dr

60 NOTES DE POLICE

— Quoi! quoi! de quoi s'agit-il? La patrie est-elle en danger?

— Elle est perdue, et son homme le plus éminent perdu avec elle...

Robespierre se sentit nommé dans l'épithète: ilse leva.

— Explique-toi, dit il, tu me fais de la fantasmagorie!

— Plüût au ciel que c'en fût!

— Enfin? ‘

— Hier... hier soir.

_Eh bien, hier soir, tu as été des nôtres, …. Tu nous as fait raison.

— Raison... raison.

— Allons, j'ai perdu la mienne, veux-tu dire ?

Robespierre se couvrait la figure de ses mains ; son corps se courba,et ce mouvement de contraction. nerveuse qui se faisait sentir dans ses épaules l’agita comme une fièvre violente. Trial, craignantune attaque de nerfs, se taisait ; mais Robespierre le prit aux deux revers de son habit, et là, cramponné comme un malade qui interroge son médecin, espérant un démenti à ses pensées :

— Eh bien ? dit-il.

— Eh bien, répondit brusquement l’autre, ainsi collé à Robespierre, et mesurant pour la première fois la taille de son idole. Eh bien! tu as révélé ton secret!

— J'ai dit...

— Plusieurs noms...

— Plusieurs noms! répéta le tribun, toujours accroché et ne donnant à ses paroles que l’intonation d’un écho.

— Le nom de ceux dont tu voulais faire justice.

— Jai nommé.

— Ceux qui balancent ta puissance.

Trial ajouta d’un air de pitié: