Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État
dans le fein de fon malheureux époux ; un roi, enfin , le meilleur des rois, recueillant dans cet inftant, pour prit de fa confiance & de fon abandon volontaire , ce que les plus cruels tyrans n’ont jamais éprouvé : ce n'eft päs là ce qui occupe M. de Mirabeau. De toutes les circonftances qui ont marqué à jamais ces deux jours dans les faîtes de Punivers , la feule que M. de Mirabeau fe rappelle, la feule qu'il cite, la feule dont il s’indigne, c’eit un prétendu propos adrefé par un muniftre à ces femmes qui, le jour, demandoient du pain, & qui, la nuit, ont demandé du fang. Îl ne lui vient pas même dans l’idée que ce propos, t-il vrai, füt-il inconüdéré , quele trouble, le tumalte , l'attente de vingt mille hommes armés, le danger du roi, rendent plus qu'excufable , rendent intéreffant le miniftre qui voit la porte .de fon maître déjà afhégée par la fedition, & qui ne fonge qu’à le juftifier. L’impitoyable délateur ne voit rien de tout cela; il dénonce le propos, il demande que le comité des recherches en informe ; ikne voir de crime que ce propos, de coupable que celui qu'il prétend lavoir tenu.
Je n'ai pas dit que M. de Sainr-Prieft eût tenu ce propos , écrit M.de Mirabeau , à la page 14 de fa nouvelle lettre. Mais il venoit d'écrire à la page 4 & àla page 6 : J'ai imputé ce propos à fi. de Saint-Prieft. Lequel croiré ? Au refte, à cetté même page 4, il prétend répéter les propres termes dont il s’efi fervi dans fa dénonciation ; je m'en tiens à ceux-là , & je les tranfcris.
La notoriété publique accufe M. de Saint-Prieft d’avoir dit à La phalange de ces femmes qui demandoient du pain: n Quand vous aviez un roi, vous aviez du pain ; au» jourd'hui vous en avez douze cent, allez leur en de5 mander ». Je requiers que le comité des recherches foit chargé d'informer de ce fait.
Voilà donc es termes dont M. de Mirabeau s’eft ferri le 20 odobre , fi l'on en croit ce qu'il écrit le 31. On voit fur quoi il f fonde pour échapper & à la qualité d’accufateur & au danger de répondre de Vaccufation, Il wa point dit : Jaccufe M. de Saint-Priefl; ila dit: La notoriéré publique accufe M. de S ain-Priefl ; voilà fon argument & fa fauvegarde : il a, en vérité, bonne grâce à reprocher enfuire à M. de Saint-Prielt de prendre une latirude très-vagne, (pag. 19) dans fes réponfes , quand lui-même en a pris une aufli udéfinie dans fa dénonciation, & quand la prudence prefcrit à celui qui