Oeuvres diverses, S. 222

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vindicte publique et mis au ban des familles et des assemblées. Mais Thiers est l'enfant chéri des cours et des aristocraties.

Jai partagé la proscription dont un pouvoir lâche et traître poursuivait tous les partisans de la défense à outrance de la patrie envahie. Arrêté après le 31 octobre, malgré les paroles jurées, par l’odieux Cresson, pour une affiche prophétique où nous dénoncions les agissements funestes du gouvernement de Za trahison nationale, j'ai été, à Paris, prisonnier des Prussiens de l'intérieur, comme à Châtillon, l’incendié des hordes du roi Guillaume. Paris m’en a récompensé par plus de soixante mille voix qui ont failli m'arracher à l’honneur de vous représenter.

Arrivé le 19 à l'assemblée de Bordeaux, j'ai trouvé triomphants les hommes que nous combattions comme l'avant-garde et le bouclier de Ja Prusse ; les hommes qui, depuis cinq mois, conspiraient de livrer la France, après Metz et Paris, à leurs frères et amis de Berlin, car ils voulaient étouffer la République sous les ruines de la patrie! Ils ne l’ignoraient pas, les traîtres! La victoire c'était la République s’incarnant dans la nation, aussi n’avaient-ils qu'un souci : l’énervation des courages et l’organisation de la défaite.

L'idéal et le but de ces Zopyres était l'assemblée élue sous les baïonnettes Prussiennes, avec Paris bloqué par le double cordon de la police bonapartiste et de l’armée de Guillaume. Pendant toute la période électorale il ne sortit de Paris ni une lettre ni un candidat sans être marqué de l’estampille officielle.

Ce système de geôle, appliqué par deux frères en réaction, a produit les élections du 8 février.

Gloire aux départements courageux, qui, sous le pied des uhlans, ont mieux aimé l'honneur que la honte, et voté malgré le sabre en faveur des intérêts et de la dignité français !