Oeuvres diverses, S. 238
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« cela s'appelle faire des affaires, non pas être ver« tueux. » Et ce Simon, tout confit en désintéressement et en sacrifices, tout feu et tout flamme contre les apôtres de l’Intérêt, n’en guigne pas moins comme paiement de sa conduite vertueuse une éternité de récompenses, et même reçoit un paiement anticipé. « Quelquefois la Providence (aimez-vous la Provi« dence ? il en a mis partout) permet que le Devoir « soit facile. Le plus souvent elle nous oblige d'aller à « lui à travers le péril et la souffrance... Si elle garde « une récompense à l’honnête homme, elle la lui eache « derrière le tombeau, et parce qu’elle l’a faite ëm« mense, elle la veut chèrement achetée. »
Et plus bas : « L'amour de Dieu, s’ë7 est bien réglé, «_ nous fait vivre par anticipation de la vie réservée par « Dieu même à ses élus... »
Les idées de M. Simon sur l’homme et l’humanité sont tellement désolantes que, peu sûr de sa prime, il lui faut encore une menace. Si d’un côté il suppose le prix Monthvon du ciel, il veut de l’autre la vision de l'enfer: « Celui qui croit à une vie future et à une « Providence est le seul qui fasse entrer quelque chose « de supérieur et de surhumain dans le caleul de la « justice. Il s'impose la loi d'observer certains pré« ceptes génants, il se sacrifie jusqu’à la mort ou par « peur de Penfer ou par espérance du ciel. »
Aïnsi la peur et l'espoir d’un Dieu sont, en définitive, avec le gendarme et le juge pour corollaires sans doute, le seul eriterium de la justice et du devoir. Quant à ce sentiment inné de notre être, par lequel la raison affirme que un et un font deux et proteste énergiquement contre tout résultat contraire, vient-il d’un Dieu ? Quant à cette admirable exaltation du moi qui, de l’égoïste Simon, s'élève à la famille, à la patrie, à l'humanité ; qui fait qu’on expose sa vie dans l'intérêt du genre entier et qu'on préfère la mort au déshon-