Oeuvres diverses
« Un grand crime a été commis, soyez tranquilles, justice sera faite. » Justice de par le ministère ou le roi, justice de par le peuple; et le mot éranguilles aux significations multiples! un maquignon normand n'aurait pas mieux traduit ! Aussi Garnier-Pagès donne raison à la version de ses adversaires, aveu dont la rareté fait le mérite: « Vu les circonstances, ajoute-t-il, ces paroles furent trouvées modérées. »
Tout le temps de ces journées néfastes et glorieuses, Garnier-Pagès fut à la queue d’Odilon Barrot, pêlemèle avec les radicaux sensés et les royalistes progressistes qui le gardaicent comme un en-cas de révolution. « M. Pagnerre est dans les faubourgs », répétait avec effroi M“ Duchâtel. « Plüt à Dieu, répondit Malleville, que Pagnerre fût à la tête du mouvement. » Ce vœu devait être exaucé.
Tous ces Paturots, ces Malleville et ces Pagnerre n'avaient qu’une crainte: la Révolution. Ils eussent préféré la suceulente tutelle d’un royal pupille. Le 24%, au matin, ils s’en croient sûrs. Ce triomphe du ventre radical et dynastique est une fleur.
Toujours sur l’air d'Union, Concorde, andante (1) : « Odilon Barrot, entouré de MM. Garnier-Pagès, Abba« tucci, Havin et Biesta, Pagnerre et Degouve-De« muneques se dirige vers le ministère de l’intérieur, « Le peuple, dit Garnier-Pagès lui-même, associait à « Odilon Barrot le nom de Garnier-Pagès, estimé pour « sa constante fidélité au principe républicain. »
Poignées de mains frémissantes, tambours, trompettes, ete. « Réunis dans un même sentiment, les « soldats et le peuple voyaient dans le cortège de l’op« position triomphante la fin d’une funeste lutte, et ils « applaudissaient à l’envi. Un ciel magnifique éclairait « ce tableau ! »
{1) Histoire de Garnier-Pagès, T, V, pages 113 et 114.*