Oeuvres diverses
L. pan
« Les commerçants, les industriels? Une partie fut « affectée à la création des comptoirs d’escompte.
« La Banque de France et les banques des départe« ments ? Elles furent sauvées (1).
« Les campagnes? Mais si on avait recours au « papier-monnaie, elles étaient ruinées.
« Les villes ? On leur a prêté pour leurs travaux.
« Les receveurs généraux? [ls ont été remboursés « et sauvegardés.
« Les artistes ? Ils ont été secourus.
« Les créanciers de l'Etat ? Ils ont été soldés.
« Les orléanistes? Les biens de la famille royale,
« qui eussent suffi aux besoins, ont été respectés (2).
« Les légitimistes? Fallait-il done revenir sur le « milliard des émigrés ?
(1) Sauvez la caisse! c'est le cri du cœur. Or, lPimpôt des 45 centimes ne pesait pas seulement sur la propriété foncière, mais sur les patentes, le mobilier, les portes et fenêtres, et frappait particulièrement le travail et l'imndustrie qu'il se donnait des airs de secourir. Vertu ineffable des 45 centimes ! Les commerçants et les industriels n'en sont pas moins sauvés. Les artistes, le peuple, les rois, tout est sauvé. Quelle rédemption! Garnier est Messie! miracle! par la rosée vivifiante des 45 centimes, tous les arriérés du monde sont lavés. — Et ne souriez pas. Voici 160 millions dont 114 sont aussitôt absorbés par l'armée; reste 46. Or, avec ces 46 millions, l'incomparable Garnier suffit à tout. Je regarde autour de moi:les rentiers payés, le peuple salarié, les employés appointés, la marine agrandie (agrandie est peu clair, mais ne chicanons pas). Le clergé recoit Sa dime, le commerce va, les artistes sont secourus, les créanciers de l'Etat soldés, les campagnes, il est vrai, un peu agitées (la faute en est à Voltaire) enfin un tableau de bonheur etde prospérité, Le tout avec 46 millions. Eh bien, je le proclame hautement, depuis l'homme de Galilée qui, avec cinq pains et deux petits poissons, nourrissait une multitude affamée, rien de comparable n'a été exécuté; et je demande la canonisation, que dis-je, l'apothéose fhaumaturge. :
(2)‘Le respect est touchant; rappelons toutefois à