Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

168 RÉFLEXIONS SUR .LA DÉCLAMATION

pour les faire valoir, ne pas élever, mais appuyer la voix. S'étudier chaque jour à monter imperceptiblement sa voix, s'appliquer à la fortifier afin que chacune de ses paroles paraisse venir du commandement. Il importe plus qu'on ne pense de parler ferme et de ne rien dire avec mollesse : fortifiezla voix, le caractère se fortifie de même temps. Le rapport, c’est qu’en général la voix forte est la voix de l’obstination.

Ce n’est qu’en parlant, et non en lisant, que l’on peut rendre vraiment sensible ce qu’on dit. Quelques gens habiles pensent cependant qu’il faut lire, et c’est l’usage des avocats du parlement de Bordeaux, autrement on patauge; les idées se relâchent, s’affaiblissent et s’éteignent bientôt. C'est ce qui arrive à M. de Saint-Fargeau. De là le mot favori de la plupart des avocats qui aiment tant à causer d'affaires. Pour concilier la nécessité d’un style plein et serré avec l’autre, je pense qu'il faut apprendre par cœur. ILest vrai qu’il en coûte; mais la gloire est au bout, et c’est la manière de surpasser, et ceux qui parlent et ceux qui écrivent. En ne parlant jamais au hasard, on n’hésite jamais, toujours on excite l’admiration et dans ce senti-

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