Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

RÉFLEXIONS SUR LA DÉCLAMATION 169

ment qui se manifeste chez autrui on puise une nouvelle force et une nouvelle fécondité.

Il peut y avoir mille manières d'exprimer une chose; mais iln’y en a qu’une seule de vraiment naturelle ; c’est celle-là qu’on doit chercher. Au reste, il y a la manière naturelle en général, et la manière naturelle en particulier, à celui qui parle : le talent de la déclamation résulte peutêtre de cette double combinaison.

Avant de parler, j'aime à me recueillir profondément, à prendre des résolutions avec moimême, à me dire, suivant le conseil de Larive : j'irai doucement dans tel endroit, plus fort dans tel autre. Dans cette partie de mon discours, je serai attentif, méthodique, discuteur; dans cette autre, pressant, éclatant ; ailleurs, touchant, etc., et en général, dans tout le discours, je me posséderai. Je ménagerai, sans affectation, tel geste, telle pause dans tel moment. J'économiserai ma voix, je ne la prodiguerai pas en commençant, afin qu’elle ait la liberté de s’élever, et qu’il paraisse m'en rester beaucoup en finissant. Je prendrai dans le bas, en général, pour éviter les cris et me trouver riche en inflexions ; car c’est cette variété qui fait la vérité et la beauté du débit.