Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

RÉFLEXIONS SUR LA DÉCLAMATION 173

produisait des effets terribles par des sons brisés en éclats, qui partaient de l’âme et semblaient y rester; dans d’autres moments c'était un lion rugissant, un lion qui avait brisé sa chaîne. A lui seul il remplissait tout le théâtre. Il étudiait profondément ses rôles. Il y a tel rôle qu'il a travaillé pendant dix ans. Il étudiait scrupuleusement son geste, comme étant le véhicule de la vérité de sa diction.

On le félicitait de ce qu'au théâtre il paraissait avoir plus de six pieds. Il répondit : « Ce n’est « point par notre corps que nous sommes grands, « c’est par notre âme. »

Il avait coutume, une heure avant de jouer, de se promener seul sur le théâtre, de l’arpenter, de se remplir des fantômes de la tragédie. Nous devrions transporter cette méthode dans nos études. On ne se pénètre pas assez de l’objet qu'on veut rendre. Il faut le personnifier, se placer auprès de lui, le voir. C’est ainsi que M. G... m'a dit qu'il était parvenu, en peu d'heures, à composer le beau portrait de saint Bernard.

Point de beau débit sans la richesse des intonations. Il y a des comédiens, et beaucoup même