Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

174 RÉFLEXIONS SUR LA DÉCLAMATION

de ceux qui passent pour les meilleurs, qui ne parlent que sur trois ou quatre tons.

J'ai éprouvé que rien ne me donnait la possession de mes idées, comme de faire longtemps une même chose, ou de m'y préparer par des travaux analogues, mais plus difficiles. Par exemple, pour m'exercer à la déclamation, j'ai déclamé à outrance, pendant une heure entière, les fureurs d’'Oreste, les rôles de Thoas et de Mahomet. Je m'étais éraillé tout Le gosier. Le soir je déclamais tout avec une force, une facilité extrême, et beaucoup de vérité. Pour quoi que ce soit, il faut se monter. Le talent commence par les efforts violents dont il se compose, ensuite il se rassoit, s’épure et approche de la perfection.

Très peu de gestes pour un orateur du ministère public, me disait mademoiselle Clairon, votre genre est la noblesse et la dignité au suprême degré. Très peu de gestes, mais les placer à propos, et observer les oppositions qui font ressortir les changements de gestes.

Il importe d’être ferme sur les pieds, qui sont comme la base du corps, et de laquelle part toute l'assurance du geste. On ne peut trop s’exercer dans sa chambre à marcher ferme et bien sous