Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

206 DÉTAILS SUR LA SOCIÉTÉ D OLTEN

douleur quand la nuit s’avance, et qu’il faut cesser de chanter, se séparer, aller se coucher! Mais non, on ne va pas encore se coucher, Des jeunes gens font rapporter du vin ; ils s’écrient : Est-ce que nous ne serions pas prêts à nous immoler pour la patrie ? Faisons-lui donc un sacrifice qui en soit le gage. On suspend une épée au plafond, tout le monde est obligé d’aller y enfiler son chapeau ; ce beau monument est sacré : il n’est pas permis d'y toucher; on l'appelle /e père de la Patrie, on sent que c’est un excellent moyen de retenir le monde que de faire le père de la patrie; personne ne pouvant ravoir son chapeau, il faut bien rester, et en voilà jusqu'à trois heures du matin. Le second jour d'O/ten, sur la fin du souper, je causais avec un professeur de grec à Berne. La discussion par ellemême était assez importante : tout à coup les chansons de la veille se font entendre à une extrémité de la salle, mon homme n’y est plus, au lieu d'achever sa phrase, le voilà qui chante, puis il me dit: Je vous demande pardon, c'est un enthousiasme qui s'empare de nous autres, il ny a pas moyen d'y tenir!

J'oubliais de dire que pendant cette orgie hel-