Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

228 ÉLOGE D'ATHANASE AUGER

à ces savants d'une Académie vieillissante et désœuvrée, dont pas un seul n’a daigné se glorifier, à tes funérailles, de l'honneur d’avoir été ton collègue. Je viens venger cette outrageante injustice. On verra comment l’abbé Auger a payé sa dette envers la patrie, et l’on jugera si dans la génération actuelle des littérateurs, il en est beaucoup qui puissent lui être opposés, pour le nombre et la réalité des services.

Dans un temps où l’Université a laissé périr la belle langue des Grecs, cette clef des sciences, ce dépôt de toutes les formes sous lesquelles on pouvait le plus se passionner pour la nature, les arts et la liberté, l'abbé Auger se dévoua tout entier à la connaissance approfondie de cet Athénien fameux qui força la nature à lui rendre l'organe de la parole, et fut ensuite le plus éloquent de tous les mortels : génie sublime dans la discussion des intérêts politiques ; génie puissant qui protégeait, par la seule force de ses raisonnements, une patrie et des Républiques qu'un roi voulait asservir. L'instinct de l’abbé Auger (je risquerai cette expression en faveur du plus simple des hommes) fut une passion constante

pour l’art oratoire; passion qui ne devait guère