Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

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grave, si évidemmentsupérieure à nos harangues modernes par la vérité des sentiments, par l’observation des convenances, et dont il voyait avec douleur la tradition s’anéantir chaque jour dans une littérature qui, en effet, n’étant pas encore celle de la liberté, ne pouvait être que frivole. Aussitôt il reprend la plume, il rassemble tous les discours grecs des orateurs, des philosophes, des historiens, des pères de l’Église. Il choisit, dans Paris. une habitation solitaire, qui sera désormais aussi vénérable que la caverne studieuse du citoyen de Péanée. Quelques années s’6coulent. et tout à coup je le vois reparaître dans la carrière oratoire à latête d’un nouveau cortège d’illustres morts, à qui ses traductions rendent leur renommée : Isocrate, le plus harmonieux des écrivains dans la plus harmonieuse des langues, et dont la diction, aussi pure et aussi douce que la morale, semblait le culte de la poésie associée à la vertu ; Lysias, le modèle de la narration (talent si rare et si précieux), qui voilait la perfection sous la simplicité, qui n'eut point en partage l'élévation ou la force, mais bien plus dangereux par le don de plaire sans paraître en abuser; Lycurgue, à qui une probité sévère don-