Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

16 VISITE A BUFFON

« rais : eh bien ! je m’efforçais d’attendre que six « heures fussent sonnées pour l'aller voir, sou« vent même au risque de ne plus la trouver. » A Montbard, après son travail, il faisait venir une petite fille, car il les a toujours beaucoup aimées ; mais il se relevait exactement à cinq heures. Il ne voyait que des petites filles, ne voulant pas avoir de femmes qui lui dépensassent son terme *.

Voici maintenant comme il distribuait sa journée, et on peut même dire comment il la distribue encore. À cinq heures, il se lève, s’habille, se coiffe, dicte ses lettres, règle ses affaires. A six heures, il monte à son cabinet, qui est à

4. M. de Buffon a toujours été fortement occupé de luimême, et préférablement à tout le reste. Comme je savais que beaucoup de femmes avaient reçu son hommage, je demandais si elles ne lui avaient pas fait perdre de temps. Quelqu'un qui le connaissait parfaitement, me répondit : «M. de Buffon a vu constamment trois choses avant toutes « les autres; sa gloire, sa fortune et ses aïises. » Il a presque toujours réduit l'amour au physique seul. Voyez un de ses discours sur la nature des animaux, où, après un portrait pompeux de l'amour, il l’anéantit d’un seul trait et le dégrade en prétendant prouver qu'il n'y a que du physique, de la vanité, de l'amour-propre dans la jouissance. C'est là qu'est son invocation à l'amour : « On l’a mise à côté de celle « de Lucrèce, » me dit-il un jour. Les femmes lui en ont voulu à la mort de cet effort, ou de cet abus de raison. Madame de Pompadour lui dit à Versailles : « Vous êtes un joli « garçon... »