Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

2% VISITE À BUFFON

nulle part; j'étais bien aise d’en savoir la raison : « C’est, me répondit-il, que personne n’est « obligé de m'en croire. » Il y a donc cette différence entre sa vanité et celle des autres, que la sienne a fait ses preuves, si l’on‘peut s'exprimer ainsi. Cette différence vient de la trempe de son âme, âme droite, qui veut partout la bonne foi, et proscrit l’inconséquence.

Il me disait, en parlant de Rousseau : « Je « l’aimais assez; mais lorsque j’ai vu ses Con« fessions, j'ai cessé de l’estimer. Son âme m'a « révolté, et il m'est arrivé pour Jean-Jacques le « contraire de ce qui arrive ordinairement : « après sa mort, j'ai commencé à le méses« timer, » Jugement sévère, je dirai même injuste ; car j’avoue que les Confessions de JeanJacques n’ont pas produit sur moi cet effet. Mais il se pourrait que M. de Buffon n'eût pas dans son cœur l'élément par lequel on doit juger Rousseau. Je serais tenté de croire que la nature ne lui a pas donné le genre de sensibilité nécessaire pour connaître le charme ou plutôt le piquant de cette vie errante, de cette existence abandonnée au hasard et aux passions. Cette sévérité, ou plutôt ce défaut, qui se trouve peut-