Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

34 VISITE A BUFFON

qu'on lui avait adressés ; il les conservait presque tous, quoique presque tous fussent médiocres. Quand on l’appelait génie créateur, esprit sublime : « Eh! eh! disait-il avec complaisance, il « y a de l’idée, il y a quelque chose là. » Le soir, en écoutant les vers de M. Thomas, il me dit, avec une naïveté charmante : « Tout ça, ne « vaut pas les vers de ce matin. » Je veux joindre ici un autre trait du même genre : « Un « jour, me disait-il, que j'avais travaillé long« temps, et que j'avais découvert un système . «très ingénieux sur la génération, j'ouvre Aris« tote, et ne voilà-t-il pas que je trouve toutes « mes idées dans ce malheureux Aristote ? Aussi, « pardieu! c’est ce qu’Aristote a fait de mieux. »

Le premier dimanche que je me trouvai à Montbard, l’auteur de l’Æestoire naturelle demanda son fils la veille au soir : il eut avec lui une longue conférence, et je sus que c’était pour obtenir de moi que j'allasse le lendemain à la messe, Lorsque son fils m’en parla, je lui répondis que je m’emmesserais très volontiers, et que ce n’était pas la peine de tant comploter pour me déterminer à une action de la vie civile. Cette réponse charma M. de Buffon. Lorsque je