Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

(sepremere 1785) 51

génie, mais où le génie exerçait la véritable puissance, je sentais mon àme attendrie, élevée ; la gloire paraissait se personnifier à mes yeux; je m'imaginais la toucher, la saisir, et cette admiration des Souverains, forcés de s’humilier ainsi eux-mêmes devant une grandeur réelle, touchait mon cœur, comme un hommage bien audessus de tous les honneurs qu'ils eussent pu décerner dans leur empire.

Je quittai peu de jours après ce bon, ce grand homme, emportant dans mon cœur un souvenir profond et immortel, de tout ce que j'avais vu, de tout ce que j’avais entendu. Je me récitais, en m'éloignant, ces deux beaux vers de l'Œdipe de

Voltaire :

L'amitié d’un grand homme est un bienfait des Dieux, Je lisais mon devoir, et mon sort dans ses yeux.

Il était dit que j'aurais encore une fois le bonheur de le voir. En quittant Semur, pour retourner à Paris, la poste me ramena par Montbard, contre mon attente. Je ne pus m'empêcher, quoiqu'il fût sept heures du matin, d'envoyer mon valet de chambre savoir des nouvelles de M. de Buffon. Il me fit dire qu'il voulait absolument me voir.