Orateurs et tribuns 1789-1794

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Arcis-sur-Aube et d'y planter ses choux ; il est saoul des hommes ; le système atroce du Salut public le fatigue, il songe à la clémence, apparaît sous un nouveau jour, comme chef de la faction des indulgenis. On l’avertit de prendre garde. « Ils n’oseraient, répond-il.. On ne me touche pas, moi; je suis l’arche..… Robespierre sait trop bien qu’il ne pourrait m'envoyer à l’échafaud sans prouver qu'il y peut être envoyé lui-même. Au reste, j'aime mieux être guillotiné que guillotineur. » Les Jansénistes de la République osèrent.

Il comparut devant le tribunal révolutionnaire, devant un jury trié sur le volet, composé de solides, de gens à feux de file. Avec quelle éloquence, quel accent d’une voix surhumaine, il se défendit?, ses contempo-

1. Topino-Lebrun répondit à un juré qu'il vit pleurer à chaudes larmes à l’idée de condamner Danton : « Lequel de Robespierre ou de Danton est le plus utile à la République? — C’est Robespierre. — Eh bien, il faut gwllotiner Danton... Ceci n’est pas un procès, c'est une mesure; nous ne sommes plus des jurés, nous sommes des hommes d'État. »

Le maire et les adjoints d’une petite ville adressèrent une pétition à Robespierre, qu'ils signèrent avec un profond respect et un grand tremblement de corps et d'esprit : « Votre très humble et très obéissante servante, — la Municipalité de.

2. Westerman eut un mot très heureux : « Je demande à me mettre nu devant le peuple. J'ai reçu sept blessures, toutes par devant; je n’en ai reçu qu'une par derrière, mon acte d'accusation. » Malheureusement les blessures de Westerman ne suffirent pas à le blanchir; on sait qu’il avait l'habitude de dérober des couverts chez les traiteurs où il allait diner; mais lorsque l'affaire