Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 251

rains l’ont attesté, l’histoire a répété leur témoignage. Il fait trembler juges et jurés, couvre, étouffe la sonnette du président : « N’entends-tu pas ma sonnette ? — Un homme qui défend sa vie et son honneur se moque d’une sonnette et hurle. » — Le peuple murmurant pendant les débats : « Peuple, vous me jugerez quand j'aurai tout dit : ma voix ne doit pas être seulement entendue de vous, mais de toute la France. »

« Qu'on se figure, dit M. Claretie, un personnage de Shakespeare, alliant le tragique au comique, et jetant le sarcasme à la face de ses accusateurs. C’est Danton. Il raille, il prouve, il foudroie, il ricane, il écrase ; il est à la fois surhumain par l’audace et profondément humain par les mois qu’il trouve, — tout chauds de pitié et de tendre hardiesse, — dans ses entrailles, dans sa poitrine, dans son cœur. »

« Billaud-Varennes, s’écrie-t-il, ne me pardonne pas d’avoir été mon secrétaire... J’embrasserais mon ennemi pour la patrie, à laquelle je donnerais mon corps à dévorer, Le peuple déchirera par morceaux mes ennemis avant trois mois, »

vint à la Convention « frère Chabot dit que cette peccadille était entièrement effacée par le civisme connu de frère Westerman ». C’est un des torts les plus graves de Danton qu'il ne montre nulle vergogne dans le choix de ses amis : honnêtes ou voleurs, tous sont bien accueillis dès qu'ils servent sa politique. « Croyez-vous qu'on vous enverra des demoiselles ? » disait-il à propos des commissaires extraordinaires expédiés par lui dans les départements le 3 sep= tembre, et dont un certain nombre étaient de vrais bandits: