Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 997

prospère là où la force, la raison, le droit, l'amour du progrès se combinent dans un harmonieux équilibre; elle repousse les contrefacons de ceux qui se présentent en son nom, comme ces voleurs qui, parfois, se déguisent en gendarmes pour détrousser plus sûrement le voyageur; elle offre ses bienfaits à ceux là mêmes qui blasphèment contre elle, qui la nient et veulent l’anéantir. Cette liberté-là, Barère ne la connut jamais : la liberté, telle qu’il la servit, n’est que le pseudonyme d’une égalité fausse, une jacobine armée de la torche et du poignard, réservant toutes ses faveurs à ses sectaires, une liberté terroriste, selon le cœur de Robespierre, de Collot d’Herbois, qui contemple la misère des arislocrates avec une Joie semblable à celle des démons que Dante voyait OCCUpés à regarder l'étang de poix bouillante dans Malebodge; la liberté-fille chantée par Auguste Barbier,

Qui ne prète son large flune Qu'à des gens forts comme elle, et qui veut qu'on l'embrasse » Œ Avec des bras rougis de sang.

à laquelle il faut restituer ses noms réels : licence, anarchie; elle agit avant de penser, elle détruit au lieu de construire, elle dissout les nations qu’elle pousse vers le despotisme et l'invasion, comme l’autre liberté mène à la paix, au bonheur: elle est l'instinct aveugle, la populace imbécile et féroce, la guillotine, le chaos, le néant. TE