Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 194 traver longtemps les travaux de la commission. Héureusement, les rédacteurs sentaienit tous la nécessité de faire passer Pintérêt général avant leurs prédilections personnelles. Leur esprit était, d’ailleurs, trop élevé pour ne pas être conciliant, et la discussion, loin d’accroître leur dissentiment, comme il n'arrive que trop souvent, tie tarda pas à les rapprocher les uns des autres sur le terrain fécond de la transaction. Le droit romain et le droit coutumier, mieux compris à mesure que le débat se prolongeait, cessèrent d’être l’objet d’une mutuelle exclusion, et leurs dispositions heureusement conçiliées devinrent la base de la nouvelle législation civile. Ainsi dégagé des passions personnelles et de l'esprit de système qui stérilisent les plus brillantes discussions, le travail confié à Portalis et à ses collègues avança rapidement. La commission avait été constituée le 24 thermidor an VIII (12 août 1800); le 1% pluviôse an IX (21 janvier 1801), elle déposait son rapport et le projet de Code Civil sur le bureau du Conseil d'État. Quatre mois lui avaient suffi pour prérer une législation qui a traversé presque intacte le triple examen des tribunaux, du Conseil d'État, du Corps législatif, et qui régit la France depuis plus d’un demi-siècle.

Un exposé de motifs, large et lumineux, précédait le projet de loi : c'était le célèbre Discours prélimi= naire, devenu depuis la préface et le commentaire classique du Code Civil. La commission, ense séparant, avait voulu placer, pour ainsi dire, au seuil de la longue série de lois qu’elle avait élaborées, une sorté dé’