Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 193 ques-uns avaient tenté de l’établir ; mais leurs efforts s'étaient brisés contre la résistance d’habitudes sécu laires.

Pour que l’œuvre devint possible, il ne fallut rien moins que la terrible secousse de la Révolution. Dans la destruction radicale et systématique de l’ancien régime, les vieilles lois disparurent, en même temps que les vieilles races et les vieilles mœurs, On fittable rase de tous les débris des temps passés : droit romain et coutumes, chartes du Moyen-Age et ordonnances royales, tout fut condamné sans distinction, presque sans examen. La France moderne naquit d’un héroïque élan contre l'étranger; elle grandit, pour ainsi dire, sous le feu, au milieu de périls et de combats sans exemple, et, lorsqu’au sortir de la crise, elle recouvra l’ordre et la paix, il existait entre le Rhin et les Pyrénées, entre l'Océan et les Alpes, non plus une agglomération de provinces hétérogènes réunies sous le sceptre d’une antique dynastie, mais un peuple indestructible dans son patriotisme, une nation unie à jamais par une héroïque communauté de douleurs, de sacrifices et de gloire. |

L’heure était donc venue de poser, à la base de la constitution politique, un Code unique de lois civiles. Les Assemblées l’essayèrent, mais avec trop de précipitation et de passion pour réussir. Portalis indique, avec sagacité, les causes de leur inévitable insuccès :

« Toute révolution, dit-il, est une conquête. Fait » on des lois dans le passage de l’ancien gouvernement » au nouveau? Par la seule force des choses , ces lois

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