Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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présenter officiellement au Sénat des résolutions contre lesquelles il protestait dans son for intérieur. Il ne porta pas jusque-là le courage de sa conviction : il faut le regretter, sans perdre de vue toutefois les circonstances, la situation difficile où il se trouvait et l'état des mœurs politiques au commencement de ce siècle. Si Portalis en subit malheureusement l'influence, il réussit, du moins, à sauvegarder, en grande partie, sa dignité personnelle par la modération de son langage; et, en requérant, au nom de l’ordre publie menacé, l'adoption de mesures rigoureuses, il s’abstint de ces paroles passionnées que l'esprit de parti inspire et qui compromettent les meilleures causes. Il présenta le projet de loi comme une dure nécessité, il ne lui donna pas le caractère d’un acte de vengeance dirigé exelusivement contre une faction politique.

I eut bientôt occasion de s’applaudir d’avoir gardé cette sage attitude. Moins d’un mois après le vote du Sénat, des révélations précises indiquaient à la police les vrais coupables et mettaient en pleine lumière le complot des royalistes, dans lequel n’avait pas trempé le parti républicain. On reconnut alors, mais trop tard, la justesse des vues de Portalis et la sagesse des conseils qu'il avait inutilement donnés augouvernement consulaire!

4. Voir M. Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, tome I; Thibaudeau, Mémoires sur le Consulat; Thibaudeau, Histoire du Consulat et de l'Empire, tome Ier.

M. le comte Miot de Mélito, dans ses Mémoires sur le Consulat, apprécie le rôle de Portalis avec une étrange légèreté. Après avoir rappelé la déplorable erreur du gouvernement consulaire et