Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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déplorable faite aux enfants par le divorce, le danger d’une loi qui permet une seconde union après la dissolution du mariage antérieur et avant le décès de l’un des conjoints, étaient autant d’objections fort graves auxquelles le Premier Consul ne répondait pas. Soit qu'il connût mal l'état réel des mœurs, soit, ce qui est probable, que lé projet de se séparer un jour de Joséphine dictat ses paroles, il persistait, malgré toutes les résistances, à réclamer le divorce comme une conséquence forcée du déréglement général. [déclarait le divorce par consentement mutuel indispensable, dans certains cas, pour amener une séparation nécessaire sans révéler des faits honteux ; il y voyait unremède salutaire aux galanteries des femmes, une arme puissante contre leurs légèretés!.

Il y avait là d’évidentes exagérations. Napoléon

4, Voici comment le Premier Consul s’exprimait sur cette grave question, d’après M. le Cte Thibaudeau (Mémoires sur le Consulat, pages 439 et suivantes) : «.. Le mariage ne dérive point de » Ja nature, mais de la société et des mœurs. La famille orientale » est entièrement différente de la famille occidentale. La première » est composée de plusieurs épouses et de concubines ; cela pa» raîitimmoral, mais cela marche, les lois y ont pourvu... Les » Romains épousaient des femmes grosses, nous en sommes là. Il » faut approprier les lois à nos mœurs. On a des femmes joueuses, » débauchées, etc. : faudra-t-il aller plaider pour les chasser » de sa maison? Les femmes ont besoin d'être contenues dans » ce temps-ci et cela les contiendra. Elles vont où elles veu» lent, elles font ce qu’elles veulent. C'est comme cela dans toute la » République. Ce qui n’est pas français, c’est de donner de l’auto» rité aux femmes. Elles en ont trop. IL y a plus de femmes qui » outragent leurs maris que de maris qui outragent leurs femmes. » I faut. un frein aux femmes qui sont adulières pour des clin» quants, dés vérs, Apollon, les Muses, ete... »