Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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tion des fonctions publiques!, appartenait à la haute bourgeoisie,
Après des études élémentaires dirigées par son père, _ le jeune Portalis devint élève des Oratoriens, d’abord à Toulon, ensuite à Marseille. Sous leur paternelle direction, pleine de foi, de science et de vertu, son esprit et son âme se développèrent rapidement. À peine adolescent, il étonnait ses maîtres par la grâce et la facilité de sa parole; il s’attachait avec ardeur à la solution des problèmes philosophiques, qui, dans tous les temps, captivent les grands esprits; il examinait les systèmes de chaque époque, et, en les comparant aux opinions de ses contemporains, il acquérait ce sens critique si solide et si fin qui l’a fait maître dans les discussions scientifiques.
A seize ans (1762), après les plus brillants succès, il sort de l’Oratoire, chrétien humble et sincère, philosophe d’instinct, orateur naissant. Déjà il possède en germe les qualités de sa race, de son siècle et de son pays. Par sa vigueur de bon sens, sa fermeté de principes, ses goûts littéraires et son amour du travail autant que par le sang, il appartient à notre ancienne bourgeoisie, caste énergique et généreuse, qui, après avoir affranchi la commune au Moyen-Age, devait régénérer la France en 1789, et qui n’a perdu son influence que le jour où, cessant d’être elle-même, elle
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a, pour ainsi dire, dérogé à sa noblesse morale. Enfant
1. Un de ses ancétres, Jacques Porlalis, Consul et Lieutenant du Gouverneur de Toulon, avait reçu des leitres de noblesse, en récompense de son dévouement pendant la peste de 1720.