Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)
PROSPER DE BARANTE 247
rudes journées, quand il faut en établir le gain ou la perte et quand, rentré dans la coulisse, le redoutable personnage laisse tomber son masque de froideur, d’intrépidité, d'autorité, et ne dissimule ni sa joie, ni ses angoisses, ni ses espérances, ni ses regrets.
Il nous le montre encore dans les grandes négociations diplomatiques, celles du Concordat, ou dans les délibérations du conseil d’État, toujours maître de lui, naturellement comédien, mais le cerveau lucide, écoutant, discutant et concluant, après s'être si prodigieusement assimilé les arguments des uns et des autres, qu’il semblait avoir appris depuis longtemps ce qu’il n'avait jamais su. Tout cela est saisi sur le vif et transporté de la réalité dans le récit qui en consacrera le souvenir, sans rien perdre de son intérêt, grâce à la plume qui le raconte et qui est celle d’un écrivain consommé, d’un observateur judicieux et d’un peintre que sa vision ne trompe pas. Cest à l’aide de procédés analogues qu'il nous décrit la fin de l’Empire et la première Restauration. Mais ici, déjà, sa narration personnelle n’a plus la même suite ni la même
unité, et c’est la correspondance, habilement