Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)
L'ALLIANCE RUSSE SOUS LE PREMIER EMPIRE 263
qu'une comédie qui ne pouvait tromper personne. Le grief apparent d'Alexandre, c'était « l’'incorporation à l'Empire français de l'Oldenbourg, apanage d’un prince étroitement apparenté à la maison de Russie ». Mais le grief réel résultait de la persuasion où il était que Napoléon voulait faire du duché de Varsovie une Pologne nouvelle qui attirerait à soi les provinces échues à la Russie lors du triple partage. Cette reconstitution, Alexandre était résolu à ne pas la laisser s’opérer contre lui. Voulant, s’il ne pouvait l'empêcher, la faire tourner à son profit, il commençait à ouvrir des négociations mystérieuses avec les personnages les plus influents du duché à l’effet de leur offrir son concours pour transformer l'État varsovien en royaume uni à son Empire, « s’ils voulaient se joindre aux deux cent mille Russes qu'il avait silencieusement rassemblés et s’élancer avec eux à la délivrance de l’Europe ». Ainsi, cette Pologne que sa grand'mère Catherine, d’acord avec l’Autriche et la Prusse, avait morcelée et mutilée, il était prêt à la faire renaître s’il y trouvait des soldats et des armes contre Napoléon, qu’il trai-