Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. | 49 a

LIVRE SECOND.

L. faction qui avait commandé la mort du roi n’avait rien fait encore pour satisfaire ses véritables haînes ; elle vit que le moment était venu de s'affranchir de la contrainte que, pendant quatre mois, elle s'était imposée; elle se serait reproché cette inaction dans le crime, si le sang d’un roi n’eût été versé. Ce n’est pas assez pour elle d’avoir obtenu ce ‘gage de soumission d’une assemblée où d’abord elle avait peu de crédit, et de l’avoir attachée à elle par un lien de complicité, il faut qu’elle lui arrache les hommes que cette assemblée chérit et honore le plus; il faut que la plus sanguinaire tyrannie ne puisse plus entendre une seule voix qui l’arrête.

La veille même du 21 janvier , les jacobins avaient recu un motif d’effroi, ou plutôt un favorable prétexte de vengeance. Un des juges de. Louis XVI fut assassiné : c'était Lepelletier-Saint-Fargeau. Le vote qu'il avait prononcé contre Louis était un de ceux que ce monarque même avait Je plus douloureusement remarqués. Le nom de Lepelletier était signalé par d’autres actes dans la monarchie. Un ancien garde-du-corps, nommé Pâris , avait juré de venger la mort de son maître. On dit qu'il avait cherché d’abord le duc d'Orléans ; mais celui-ci échappa au poignard, et manqua les honneurs de l’apothéose. Pâris rencontra Lepelletier chez un restaurateur du Palais—Royal. Il s’approche delui, la menace et l'horreur dans les yeux : « N’es-tu » pas Lepelletier ? lui dit-il. — Oui. — N’as-tu pas voté la » mort du roi? — Oui, avec douleur , mais selon ma » conscience. — Æh bien, reçois ta récompense.» À ces mots Pâris tire son sabre et l’enfonce dans le sein de Lepelletier. Le meurtrier s’échappe. Les témoins de cette scène n’avaient mis aucun obstacle à sa fuite; il erra pendant plusieurs jours. Arrivé à Forges-les-Eaux , son air égaré frappa ses hôtes. On venait pour le saisir, il se brüla la cervelle dans son lit. Lepelletier ne survécut que quelques heures au coup dont il avait été frappé. Robespierre affecta de le pleurer; les jacobins promirent du sang à ses mânes. Telle fut la fatalité attachée à sa mort, qu’il recut de la convention les mêmes honneurs funèbres qui devaient être bientôt accordés à Marat.

En revenant des funérailles de Lepelletier , les jacobins

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