Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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et les girondins parurent se rapprocher. Eteignons nos haînes, dirent quelques-uns d’entre eux, les mêmes ennemis nous menacent. li y eut entre eux une trève apparente de deux ou trois jours. La démission de Roland en fut le gage. Les girondins ne pouvaient faire un plus funeste traité. Depuis le 2 septembre, leur existence était un bienfait de Roland ; ils le sentaient tous avec reconnaissance ; ils pouvaient éncore tout commander au courage inflexible dé ce républicain. — Les prétendus indépendans de l’assemblée éxigèrent, comme gage de concorde , sa retraite et celle de Pache; mais ce dernier ne quitta le ministère que pour occuper un emploi où il pouvait favoriser de plus près les mouvemens séditieux que préparaient les jacobins ; il fut nommé maire de Paris. Bournonville le remplaça au département de la guerre , et s'éloigna entièrement des maximes de son prédécesseur.

Garat fut nommé ministre de l'intérieur ; Garat ne fut point pour les girondins , qu’il estimait et qu'il chérissait , ün ami sécourable. Par la nature de son esprit et de son talent, il était plus appelé à méditer les vastes résultats de la révolution qu’à en calculer, qu’à en apercevoir même les petits, les indignes mobiles. Doué du sentiment de bienveillance, il l'avait alors rendu trop universel pour le laisser actif. Il était tout ardeur dans ses vœux; il était timide dans ses entreprises. Les raisonnemems avaient laissé dans son cœur la pitié , mais y avaient affaibli l’indignation. Personné n’a plus de droit à l’impartialité que celui dont elle fut la chimère , l'excès , la superstition.

Nous allons pour un moment sortir de l'enceinte de la convention, et considérer les maux qu’elle attire sur la France, l’ébranlement qu’elle donne à l'Europe. Voici des revers, voici des événemens au-dehors, tels qu’il les faut aux jacobins pour assurer les coups qu'ils vont porter audedans. La mort de Louis XVI fut pour les Anglais un cruel ressouvenir de la mort de Charles Ier ; elle fut un deuil na tional. Le gouvernement semblait attendre cet événement pour se déclarer. M. Pitt annonça à la chambre des communes , sans mettre de bornes à sa douleur ni à son indignation. Chauvelin , amhassadeur de Francé en Angleterre, reçut ordre de sortir du royaume. Le gouvernement anglais s'arrêta après cette démarche, afin que la guerré {ht déclarée par la convention. Il w’avait point été inactif dans son inimitié avant ce moment prévu : il avait ranimé , par ses promesses , la coalition après ses premières défaites ; ïl en devint le chef, il lui donna sa politique.