Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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cause des Lyonnais füt distincte de celle des girondins , cette ville était la seule qui, par l'énergie de sa résistance à fit trembler leurs communs ennemis. Les malheurs et la gloire des Lyonnais ; à cette époque déplorable , forment un vaste et lugubre tableau que l'imagination veut suivre dans son ensemble. L'histoire de la seule ville de France qui sut opposer à toutes les fureurs de la tyrannie toutes les forces du Courage et du désespoir se présente comme un épisode distinct, que nous réservons pour le moment déjà si prochain où nous verrons les jacobins assouvissant toutes leurs vengeances.

Marseille semblait animée d’un esprit aussi généreux que Lyon. Elle avait ou on lui Supposait une ambition particulière qui devait ajouter à son enthousiasme; c'était celle .de former une petite république, attachée seulement par le lien fédératif à la France. Ge vœu s'était effectivement présenté à l'imagination ardente de quelques Marseillais frappés de l'éclat qu'avait eu leur cité dans des siècles reculés. Ils l’exprimèrent quelquefois avec une indiscrétion funeste aux girondins. La fable du fédéralisme s’accrédita par ce seul exemple. Je n’ai pas besoin de justifier les girondins d’une accusation que leurs ennemis n'employèrent que Pour frapper l'imagination du peuple d'un mot nouveau et: incompréhensible pour lui,

Marseille, enrichie Par un commerce long-temps florissant, avait une population composée de deux élémens bien diffé - rens : d’un côté, des familles opulentes, industrieuses, éclairées; et de l’autre, une multitude de matelots, d'ouvriers du port, d'étrangers sans police et sans mœurs, dont laturbulence était excitée par l’ardeur du climat. Cette classe paraissait contenue depuis quelque temps. Marseille se déclara pour les girondins, leva une petite armée. On prit au hasard et à la hâte tout ce qui s’offrait pour composer cette troupe.

Les jeuries gens peu zélés confièrent leur cause à des soldats mercenaires. Lyon, qui se Préparait à soutenir un siége, demanda du secours à Marseille, L'armée sort de cette ville, remonte le Rhône, entre dans Avignon. Le général Cariaux vient à sa rencontre avec deux mille hommes, la met en déToute, recoit un grand nombre de déserteurs, poursuit les vaincus , et se présente bientôt aux portes de Marseille.

On parlait dans cette ville de Soutenir un siége. Un cri de détresse, un cri de révolte contre les magistrats se répandit Parmi les ouvriers : ils se rendirent maîtres de la ville. Ils y appelèrent l'armée du général Cartaux. La Vengeance yentra. Fréron en était. alors le ministre implacable. Plusieurs des Marseillais, engagés dans Pinsurrection, l’attendirent avec