Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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habitans se dévouèrent-ils à la cause de leurs infortunés concitoyens: Bordeaux était afligé d’une diseite. Les jacobins parvinrent à persuader au peuple qu'eux seuls pouvaient faire entrer des vivres dans la ville. Bordeaux se soumit. La montagne crut qu'il y avait beaucoup de vengeances à exercer dans une ville renommée par ses richesses. Tallien partit bientôt avec les instructions féroces que le comité de salut public donnait à tous ses agens.

Ainsi, Lyon à soumettre , Toulon à reconquérir sur les Anglais, voilà ce qui, au commencement du mois de septembre 1793, restait à faire à la convention pour soumettre le Midi.

La guerre civile tentée au nom des girondins n'existait plus. Ce triomphe remporté sur des ennemis personnels était pour les jacobins le seul dédommagement des échecs que lesarmées éprouvaient alors sur toutes nos frontières, et des défaites plus honteuses, plus sanglantes encore, que leur faisaient éprouver les royalistes vendéens, Les jacobins ne rougissaient pas et s’alarmaient peu des dernières; ils regardaient une guerre civile mêlée de tant d'horreurs comme nécessaire à l'établissement de leur tyrannie. Telle était sur-tout la pensée de Billaud-Varennes,

Les royalistes de la Vendée, vainqueurs dans toutes leurs excursions, entraînaient les habitans des campagnes, épouvantaient ceux des villes; ils n'avaient encore reçu que de faibles secours de l'Angleterre. Gelle-ci leur demandait un port qui pût aider à leurs communications. Ils voulurent s'emparer de Nantes. Après avoir battu toutes les troupes qui pouvaient s'opposer à leur passage, ils se présentèrent le 29 juin devant cette ville. Tout semblait devoir les favoriser dans leur attaque: Nantes refusait de reconnaître la convention ; la servirait-elle ? Nantes avait déjà perdu une partie de sa plus brillante jeunesse dans une guerre dont elle seule soutenait tout le poids; enfin elle n'était guère défendue que par sa garde nationale. Elle’ n’était point fortifiée, et l’armée royale n'avait jamais été ni plus nombreuse ni plus animée à la victoire. Nantes résista, et vainquit. Le courage désespéré des Vendéens, l'héroïsme et l'habileté de d’Elbée , de Lescure et de Laroche-Jaquelein, leurs chefs, ne purent suppléer au défaut d'artillerie. Les vaincus commirent entre eux des méprises fatales, et laissèrent sur le champ de bataille trois ou quatre mille hommes regardés comme l'élite de leurs troupes. Dans cette journée, les Nantais avaient été conduits par le général Canclaux et par le général Beysser : ce dernier, peu de mois après, ce signalé service, en reçutun salaire digne des jacobins : il périt sur l’échafaud. Le premier fut aussi proscrit. Bientôt Carrier, à Nantes, montra comment les jacobins acquittaient la dette de la patrie: