Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

FE CONVENTION

vérité, le comité de salut public ne les assujettissait pas toujours à une mesure déterminée de meurtres et de déprédations ; aussi quelques-uns cherchèrent-ils à éluder les ordres de leurs féroces mandataires. Ceux qui allèrent le plus loin en cruautés n’allèrent pas au-delà des pensées , des calculs de Robespierre et de Billaud-Varennes.

Trois années s'étaient écoulées dans l'anarchie avant qu’une foule d'hommes distingués eussent Pu asseoir parmi nous les bases d’une constitution libre ; mais quand il s’agit de créer le plus affreux des despotismes sous le nom de gouvernement révolutionnaire , cinq ou six hommes sans génie trouvèrent, d’une commune et d’une subite inspiration , l'ensemble le plus horrible et le plus accompli de tous les moyens de la tyrannie.

Je ne ferai point ici l'analyse de ce gouvernement : nous apprendrons trop à le connaître par ses effets.

Le 17 septembre, la convention rendit la loi des suspects.

Quand une guerre allumée entre deux peuples barbares à laissé une entière victoire à l’un d’eux , Celui-ci disperse les vaincus comme de vils: troupeaux; ou ne leur permet de rester encore dans leurs champs que sous la condition de les cultiver pour de nouveaux maîtres. Les barbares de la France n’en usèrent pas ainsi : ils ne songèrent qu'à exterminer des ennemis qui m’avaient pas même combattu contre eux, qui avaient fait vingt actes de soumission pour quelques-uns d’une opposition tümide ; des ennemis , enfin, qu'ils ne pouvaient ni désigner avec certitude, ni frapper sans de continuelles mébprises, Pour les définir, ils créèrent le mot de suspects ; pour les exterminer avec ordre , ils établirent des milliers de prisons , où ils seraient déposés en attendant l’échafaud. Les tyrans avaient depuis longtemps médité ce décret. Ils chargèrent un député peu fait pour un tel emploi de le rédiger. Je vais en transcrire quelques articles. « Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent sur le territoire de la république , et qui sont encore en liberté, seront » mis en état d’arrestation.

» Sont réputés suspects ceux qui, soit par leur conduite, » soit par leurs relations , soit par leurs propos ou écrits, » se sont montrés les partisans de la tyrannie ou du fédéralisme , et ennemis de la liberté ;

» Ceux qui ne pourront justifier de l'acquit de leurs de» Voirs civiques ; » Ceux à qui il a été refusé des certificats de civismes » Ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris ,; les

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