Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. gt

LIVRE TROISIÈME.

L. montagne s'était déjà donné des maîtres. Un comité dominait sur tous les comités de la convention. L’étendue de son pouvoir était déterminée par le titre qu'il avait pris : Comité de salut public. Danton et ses partisans l’avaient d’abord composé. Qu’est devenu Danton? disaient Robes. pierre, Collot-d’'Herbois, Billaud-Varennes? Est-ce là l’homme qui, au 2 septembre , imprimait la terreur à tous nos ennemis ? Laisserons-nous le gouvernement de l’état aux mains de ce démagogue sybarite ? Ils résolurent de l’'élvigner , de le perdre, Robespierre vint le trouver, « Un » orage s'élève contre toi, lui dit-il; la montagne n'a » point oublié tes liaisons avec Dumouriez; elle hait tes » mœurs; elle s’indigne de ta mollesse; elle craint tout de » la vénalité qu’elle te reproche. Eloigne-toi un moment, » repose-toi sur un ami qui veillera sur tous tes dangers? » et qui te donnera le signal du retour.» }

Si Danton ne crut pas que Robespierre voulait le sauver, il vit au moins qu’il avait le pouvoir et déjà peut-être l'in tention de le perdre. Il s’éloigna. Il se retira à Arcis-surAube sa patrie; il s’y livra quelque temps aux plaisirs ; il y perdit son énergie révolutionnaire ; il y perdit aussi sa cruauté,

Robespierre , Collot-d'Herbois, Billaud-Varennes , Couthon, Saint-Just, s’emparèrent de la puissance que Danton leur abandonnaïit. Ils se servireut de Barrère comme d’un instrument flexible et qu'on pouvait briser à volonté.

Ils étaient mal assis dans la tyrannie, s’ils ne parvenaient à se soumettre sans retour la montagne et la commune de Paris. Billaud-Varennes inventa /e gouvernement révolutionnaire , la combinaison la plus profonde qui ait été encore conçue pour attacher tous les crimes à un même principe, pour lier à une même chaîne tous ceux qui les commettent.

Tout dépendit du comité de salut public. Il resta seul en présence de la convention, muette, passive, et réduite au mouvement machinal de se lever pour confirmer tous les décrets qui lui étaient imposés. Les hommes de la montagne furent employés à exercer au-dchors la tyrannie , afin de ne point la troubler dans son centre. Ils reçurent pour exil des départemens à ravager, à dépeupler, A le

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