Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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avaient prouvé qu’un âge de barbarie est fécond en traits d'héroïsme. Ils avaient été suivis par des femmes ; plusieurs d’entre elles se distinguèrent par leur intrépidité : toutes appellent l'intérêtpar les circonstances de leurs malheurs. Si l’histoire un jour peut long-temps arrêter les regards sur la guerre de la Vendée, elle pourra opposer à tant d’horribles tableaux qui flétrissent le cœur, des anecdotes touchantes qui rappellent les larmes , et sur-tout celle de la jeune femme d’un de ces guerriers, qui, après la déroute du Mans , fut abandonnée dans un bois seule avec son enfant, chez qui les symptômes de la petite-vérole commençaient à se déclarer. Élle entra dans une chaumière. Un paysan, touché et effrayé de cette visite, s’enfuit, lui laissa son habitation et quelques jours de subsistances. Peu de jours après, des soldats républicains viennent inopinément dans la chaumière; ils ne peuvent douter que cette femme ne soit une royaliste fugitive, Ils vont l'arrêter : c'en est fait d’elle et de son enfant. Mais tout-à-coup ils reconnaissent en elle la femme d’un des chefs les plus vaillans etles plus humains de la Vendée. Ils avaient été ses prisonniers; il s'était opposé à ce qu’on usât envers eux du droit de représailles, et cette dame elle-même avait imploré pour eux. La reconnaissance l'emporte sur leurs ordres barbares; ils la protégent, ils la gardent, ils lui font asser des alimens.….. Elle vit.

Charette, resté dans la Vendée, y recueillit les fruits de sa prudence. Carrier, par l'excès de ses cruautés, rendit toutes les forces du désespoir à des paysans qui voyaient tout massacrer autour d'eux. Charette perfectionna beauccup la tactique qui avait été inventée pour ce genre de guerre. Les stratagèmes militaires à l’aide desquels il se maintint, sans forteresse, sans argent, avec une armée de cultivateurs, dans une portion si petite de la France , et contre de telles forces, mériteraient sans doute d’être étudiés, Peut-être seront-ils un jour recueillis. Mais faut-il désirer d'avoir des instructions nouvelles pour la conduite des guerres civiles ! Stofflet, un ancien garde-chasse, partageait la puissance de Charette. Les nobles, par politique ou par reconnaissance, avaient donné le grade de commandant à cet homme intré-

ide , adroït avec le peuple, mais ignorant, présomptueux.

semblait que Kx fortune eût dù lui ouvrir sa carrière d’un autre côté. Un troisième chef de la Vendée, qui a survécu aux deux que je viens de nommer, était d’Autichamp, compagnon de Beauchamp , Laroche-Jacquelin, Lescure, et presque seul échappé à leur désastre.

Je n'aurai plus à revenir sur cette horrible guerre qu’à des époques bien différentes de celles que je viens de rappe-